
Madi Diaz
Madi Diaz est une artiste qui va droit au cœur émotionnel de ses propres expériences avec une précision saisissante. Ses deux derniers albums, History of a Feeling (2021) et Weird Faith (2024), nommé deux fois aux Grammy Awards, ont marqué un tournant décisif dans la carrière de cette auteure-compositrice professionnelle. Ces disques ont conquis la critique, le public et d’autres artistes grâce à des chansons finement travaillées et un parcours narratif captivant : d’abord la rupture difficile, puis la période de deuil et, peu à peu, un sentiment de renaissance ; lorsque l’amour revient, Weird Faith semblait dire qu’il valait la peine d’affronter la peur et l’incertitude.
Fatal Optimist, le prochain album de la chanteuse-compositrice de Nashville, peut être considéré comme le dernier chapitre de cette trilogie du chagrin amoureux — et aussi le plus brut. Cette fois, Diaz demande à son public de se rapprocher pour écouter ce qu’elle a à dire.
Après avoir mis fin à une relation avec quelqu’un qu’elle s’imaginait épouser, Diaz s’est coupée de tout et de tout le monde et s’est retirée sur une île. Ce chagrin lui semblait différent. Ils le sont toujours, chacun à leur manière. Elle avoue avoir eu honte de se retrouver encore une fois dans cette situation. Comment allait-elle écrire à ce sujet ? « Je me suis mise sur une île », écrivait Diaz dans son journal à cette époque. « Je me décrivais déjà comme une île émotionnelle nageant dans un océan de sentiments... C’était la manifestation physique parfaite, seule avec toute ma déception. » Elle a alors commencé à explorer l’isolement — et les bonnes choses qui peuvent en découler.
Bien que l’on mette souvent en garde contre la solitude, le temps que Madi a passé seule s’est révélé être une période d’introspection puissante et lucide. La colère, la honte et le chagrin amoureux se sont transformés en plénitude intérieure, et les morceaux de Fatal Optimist ont commencé à se mettre en place. « Je ne savais pas que je ne m’étais pas encore choisie », dit-elle. « La seule personne que je ne quitterai jamais, c’est moi-même. »
La solitude a de nouveau appelé Diaz pendant les premières sessions d’enregistrement de Fatal Optimist. Après avoir travaillé dans un studio du New Jersey avec des amis pour étoffer les chansons, elle a réalisé plus tard que ce n’était pas la bonne approche. L’album devait sonner comme la solitude, refléter son expérience d’être complètement seule. Elle voulait capturer le son de l’apaisement de soi ; Diaz a tout recommencé en Californie du Sud avec un nouveau coproducteur, Gabe Wax (Soccer Mommy, Zach Bryan), dans son Infinite Family Studio. « C’est la première fois de ma carrière que je reste dans cet espace lourd avec les chansons après avoir quitté le studio, au lieu d’essayer de lui échapper », dit-elle. Bien que l’on trouve parfois un accompagnement discret — guitare baryton ou basse — Fatal Optimist se résume essentiellement à Diaz seule dans une pièce avec sa guitare acoustique. C’est son moment Unplugged, sa version dépouillée, l’album de Madi Diaz le plus susceptible de te hanter par sa sobriété.
La simplicité peut être bien plus difficile à atteindre que de camoufler une chanson sous des couches de production — et c’est exactement ce dont ces morceaux avaient besoin.
Chanson après chanson, elle retrace les phases de dissolution et de renaissance comme la lune qui croît et décroît dans le ciel nocturne. L’ouverture, “Hope Less”, explore l’expérience d’être offert·e moins que ce que l’on mérite et de tenter, en vain, de réduire ses besoins. Sur “Ambivalence”, Diaz transforme un sentiment pourri en un refrain discret mais hymnique sur le doute : est-ce que les miettes suffisent ? L’enchantement amoureux se brise complètement sur “Feel Something”, où Diaz saisit la futilité de chercher une connexion émotionnelle après qu’elle soit déjà perdue. Au lieu d’appeler son ex, elle a écrit cette chanson. Elle capture les émotions oscillantes du vide post-rupture avec un jeu énergique de guitare acoustique, une guitare électrique nonchalante, et une déclaration finale :“Fuck my life, goddamnit I might!” Elle bouge avec assurance et vivacité dans son phrasé, démontrant sa maîtrise de l’art de la diction : “I used to think I needed to read your mind / I’m only gonna find what I’m gonna find, and then we’ll fuck and then we’ll fight.”
La chanson dépouillée et dévastatrice “Heavy Metal” a été ajoutée tardivement à l’album. Elle réussit le tour de force de transformer une expression courante en mantra personnel : son cœur n’est pas précieux comme l’or ou l’argent, il est fait pour endurer la douleur et le combat, comme le heavy metal — et comme sa mère. Sa voix y résonne d’une vulnérabilité poignante.
« Je voulais vraiment écrire une chanson qui soit aussi hardcore que moi », dit-elle. « Je suis émotionnellement heavy metal, mais tout ce qui en sort est doux. »
Bien sûr, il y a des moments de faiblesse, des rechutes, alors que Diaz attend que le temps guérisse ses blessures.
Elle raconte ses instants moins glorieux avec la même lucidité percutante, accrochant l’auditeur dès la première ligne de la chanson country mélancolique “Why’d You Have to Bring Me Flowers” : “My toxic trait is hanging on, your toxic trait is showing up.” Ce n’est pas parce que Diaz s’est choisie elle-même que son cœur n’est pas brisé. Mais elle y voit un signe : au fond d’elle, elle croit encore à l’amour.
La chanson titre de clôture exprime son espoir instinctif en quelque chose de magique, malgré tous les risques connus. Ici, Diaz est enveloppée pour la première fois de l’album par un son rock bruyant et complet, comme si elle passait du noir et blanc à la couleur juste à temps pour la fin cathartique de l’histoire. « Faire ce disque, c’était comme traverser le feu seule », explique-t-elle à propos de ce virage sonore. « La récompense, c’était de retrouver mes amis, de ramener la couleur dans mon monde, et de retrouver ce son collectif. »
Selon les mots de Diaz : « Fatal Optimism, c’est l’espoir inné en quelque chose de magique. C’est cette foi étrange qui s’allume en sachant pertinemment qu’il y a un risque inhérent au fait de désirer quelqu’un ou quelque chose. C’est le moment où l’on n’a aucun contrôle sur l’issue, mais où l’on choisit quand même de vivre pleinement chaque instant, en y mettant tout son cœur. »